« Regards croisés » Vision post-covid sur Nda – News Design et architecture par Nicolas Venturini – Partner – Direction du pôle Lieux & Enseignes

1 – Un changement radical est-il à prévoir dans l’architecture, l’architecture intérieure, l’aménagement ?

L’urgence de la sécurité sanitaire a imposé des mesures et des aménagements temporaires qui bousculent radicalement le quotidien du consommateur en point de vente, et des collaborateurs en entreprises. La période amorce la nécessité de repenser globalement les parcours.

Plus qu’un changement radical il s’agit davantage d’une accélération des tendances de fond liée à la transition écologique et à la prise en charge des nouvelles attentes sociétales. L’apparition des nouvelles contraintes économiques va aussi faire évoluer la manière d’appréhender l’architecture.

2 – Qu’est-ce qui changera ou qui devra changer ?

La relation au temps. Le futur n’a jamais été aussi imprévisible qu’aujourd’hui et cela pose la question de l’adaptabilité des bâtiments, des bureaux et des lieux de ventes. La modularité des projets sera surement une nouvelle dette comme aujourd’hui l’est devenu le respect des critères environnementaux. Cela impliquera une simplification des projets pour une meilleure maitrise des investissements.

Les matériaux de références. Les matériaux devront s’adapter aux nouvelles contraintes (réchauffement climatique, économies d’énergie, sourcing local) et à de nouvelles attentes consommateurs (sécurité, confort).

La place du végétal. Végétalisation des villes, des commerces et des espaces de travail pour moduler les températures, participer à la dépollution de l’air et améliorer le confort des citoyens.

Des solutions mixtes et des décisions plus concertées. L’innovation nécessaire pour répondre à ces nouveaux enjeux va impliquer un croisement des compétences plus important (Architecte, Designer, Experts digital, spécialiste de l’environnement, ingénieurs, marketeur…)

Afin de répondre aux nouveaux usages des utilisateurs et aux nouvelles demandes des décideurs, les projets feront de plus en plus appel à la concertation. Citoyens, consommateurs, politique, étudiants, associations, etc., seront appelés à donner leurs avis pour concevoir de manière collaborative les projets de demain.

3 – Comment va évoluer le secteur du résidentiel ?

Un habitat mutualisé. Le prix du foncier, l’augmentation de la population et l’urbanisation vont pousser les populations à trouver des alternatives. À l’instar des espaces de travail, le logement verra l’essor de la mutualisation de certains équipements (espace blanchisserie, chambre en plus, cuisine équipée, espace de travail…)

Un logement évolutif. Les logements seront conçus pour être évolutifs et donc plus durables. Ils s’adapteront aux évolutions de la vie de leurs habitants.

Un habitat connecté. Les frontières entre vie privée et vie professionnelle s’atténuent régulièrement. L’essor du télétravail impliquera un habitat équipé de solutions de connectivité. Il sera aussi plus connecté pour être plus intelligent (gestion de la consommation d’énergie, confort)

Un logement responsable. Depuis plusieurs années, l’ensemble des acteurs de l’immobilier participent à la généralisation d’un habitat plus responsable (énergies renouvelables, matériaux moins polluants, etc). La mise en place de nombreuses normes en est le parfait exemple.

4 – Comment le monde tertiaire va-t-il se développer ?

La rencontre de 2 facteurs, sociologique et économique, va faire bouger les lignes.

D’un côté la prise en compte des attentes des nouvelles générations en termes d’environnement de travail : quête de sens, importance de l’engagement sociétal des entreprises, travail collaboratif, modification des horaires et des rythmes, besoin d’autonomie et libre arbitre. Il s’agit de garantir un épanouissement plus global des collaborateurs.

De l’autre, la crise économique va obliger les entreprises à rationaliser leurs investissements tout en adaptant l’environnement de travail.

Ces deux facteurs vont accélérer un mouvement déjà engagé de rationalisation des espaces de travail et de modification des usages.

L’avenir du flex-office, très à la mode, sera peut-être l’aménagement des espaces par usage : créativité, sérénité, réunions, etc… Le développement du télétravail et l’intégration d’outils numériques permettront de libérer des m2 utiles.

5 – L’hôtellerie va-t-elle devoir retrouver de nouveaux repères ?

Le secteur de l’hôtellerie devra en effet orienter sa reconstruction sur des critères de confiance et de responsabilité.

L’agilité sanitaire. La sécurité sanitaire des établissements sera à court terme un critère de sélection important pour les voyageurs. Le label ACCOR-VERITAS en est un parfait exemple.

Le tourisme durable. La quête de sens, tendance transversale, fera évoluer les usages des consommateurs et deviendra aussi un critère de sélection.

Le capital humain. Plus que jamais, l’humain sera un élément crucial de compétitivité.

Ces critères de confiance et de responsabilité auront inévitablement un impact sur l’aménagement des lieux de tourisme. Réorganisation des espaces partagés jugés peu sécurisés, utilisation de matériaux adaptés et durables, intégration dans l’environnement et le tissu local, développement des offres autonomes (bungalow, chambres équipées de cuisine, village vacances, etc.)

Dans ce contexte, il semble que les marques reconnues bénéficieront d’un crédit de confiance supplémentaire.

6 – Quant au Retail et l’e-commerce, quelles leçons tirer de tout cela ? De nouveaux modes de consommation ? De nouveaux concepts ?

En effet, plus que d’attendre un « monde d’après » hypothétique, attelons-nous à transformer celui d’aujourd’hui. Les nombreuses contraintes liées à la crise sanitaire peuvent être maintenant transformées en opportunités.

De la sécurité imposée à la bienveillance. Le discours sécuritaire se transformera peu à peu en attentions particulières et positives. La notion de Care plus globale et plus bienveillante permettra aux lieux de commerce de proposer des services nouveaux.

Vers des parcours clients plus fluides. La crise sanitaire a fait apparaitre un grand nombre d’initiatives visant à faire évoluer les parcours clients vers plus de fluidité, d’efficacité et de sens (Drive sans contact, Click & Collect, adaptation des horaires pour les personnes fragiles, commandes groupées, …).

Du sans contact froid à la simplification des usages. La technologie sera une des clés pour construire l’avenir de la distribution, avec une « économie sans contact » poussée.

Du numérique intrusif au numérique intelligent. Le numérique a conquis de nouvelles cibles comme les seniors et les plus jeunes, il est globalement devenu une habitude pour tous avec le confinement, et il a marqué la relation client (gestion des flux, information sur le temps d’attente, conseil personnalisé, paiement simplifié).

De la consommation contrainte au retour du plaisir. Lentement mais sûrement, le shopping redeviendra une expérience de loisir. Les marques vont en effet bientôt pouvoir proposer à nouveau des expériences d’achats génératrices d’émotions positives.

7 – Pour le monde culturel totalement paralysé pendant la pandémie, comment entrevoir une issue pour qu’il puisse exister ?

Les formes traditionnelles ont été paralysées, mais le monde de la culture a bien existé en dépit des contraintes liées au confinement.

Les outils numériques ont permis de maintenir le lien avec le public. Des diffusions de l’Opéra de Paris à la visite virtuelle du Château de Versailles, en passant par les actions des librairies indépendantes, beaucoup d’initiatives ont vu le jour.

Le confinement a aussi permis un foisonnement créatif impressionnant ! Cette situation exceptionnelle sera peut-être une opportunité pour réinventer les modèles. Pour les librairies, personnalisation des conseils du libraire et modernisation des parcours d’achats. Pour le cinéma, séance en plein air ou séance en ligne. La culture s’est adaptée !

Ces nouvelles formes hybrides seront surement une source d’inspiration pour imaginer les formes de la culture de demain.

Ce nouvel élan semble aussi soutenu par le monde politique quand la Mairie de Paris annonce aux parisiens « un mois d’août de la culture ».

8 – Le design quant à lui, est-il redéfini pour justifier son existence ?

Le design, va retrouver son sens initial ! le dessin à dessein. Le sensible au service du sens. C’est en jouant pleinement son rôle qu’il nous permettra d’accompagner les nouveaux modes de consommations et les nouveaux modes de vie de manière la plus juste et efficace.

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